Le savoir-vivre à la Française est un concept abstrait pour beaucoup de monde. On ne sait pas vraiment comment il s’est construit, mais on trouve quelques pistes dans la grande Histoire de France. Certains ont cherché à le codifier et l’améliorer, d’autres à le détruire et l’effacer, mais il perdure et s’est finalement installé dans notre façon de vivre et nos codes bien français.
Une histoire complexe
Au 16e siècle, Érasme, homme de lettres et théologien, écrit pour le jeune Prince Henri de Bourgogne, le traité de civilité puérile. Il liste à l’intérieur toutes les règles et les bonnes manières que doit suivre un jeune adulte. Ce livre deviendra une référence en son temps, pour tous les enfants chrétiens, de France et d’ailleurs, et notamment les plus pauvres. En suivant ces leçons de conduite, ils réduisent alors les écarts sociaux qui les séparent de la haute bourgeoisie.
Cependant, toutes les règles énoncées par Érasme existaient finalement déjà. On ne sait pas exactement quand ont été inventées les bonnes manières, certaines sont bien plus anciennes et d’autres probablement beaucoup plus récentes, mais elles sont les fondations de ce qu’on appelle aujourd’hui le savoir-vivre à la française.
La cour de Louis XIV va inventer ensuite « l’Étiquette », ajoutant des rituels et des formalités plus complexes. Vient ensuite la Révolution française, avec une lutte contre les bonnes manières. Certains essayerons d’interdire le vouvoiement et les « monsieur » et « madame », mais sans y parvenir. Après la chute de Robespierre, Napoléon va même officialiser l’Étiquette et sophistiquer savoir-vivre à la française.
Arrive ensuite le XXe siècle et surtout les années 60. Ceux qu’on nomme les soixante-huitards veulent briser les codes et les féministes luttent contre la galanterie, considérées alors, à tort ou à raison, comme une vaste hypocrisie.
Quoi qu’il en soit, si les règles ont évolué, que certaines ont disparu, la bienséance et les codes français sont toujours bien présents. Que ce soit en société ou à table, l’esprit français existe toujours. Aujourd’hui, ce sont peut-être les américains qui expliquent le mieux ce qu’est le savoir-vivre à la Française. Le Collins Dictionnary le définit comme « La capacité à bien vivre sa vie et à en profiter intelligemment, en faisant face à chaque situation avec aplomb, bonnes manières et élégance. » Je pense que c’est un très bon résumé.
Mais alors c’est quoi le savoir vivre à la Française ?
Le concept reste toujours très périlleux à définir. Il englobe bien sûr les bonnes manières, avec l’utilisation du vouvoiement, le quart d’heure de politesse, les règles de salutation, la façon de se tenir à table ou de réagir en société, mais il englobe aussi tout un Art de vivre.
La gastronomie et le bon vin, sont devenus des emblèmes du savoir-vivre français, avec un Art de la table qui inspire le monde entier. Le repas doit être bon, mais la table doit être belle.
La haute-couture et le luxe participe aussi à magnifier le sens du détail et le chic à la française. Bien sûr, c’est aussi la femme française qui est un symbole fort de cet art de vivre. Dans l’inconscient collectif mondial, elle est belle, libre, soignée et élégante. Elle représente la féminité poussée à son paroxysme, tout en étant indépendante et décontractée.
Le savoir-vivre à la française intègre aussi le romantisme, avec évidemment Paris en tête de gondole, qui est vue à l’étranger comme la ville de l’amour.
Le savoir-vivre à la Française, c’est tout ça à la fois. C’est une part de réalité, avec une passion pour la table et la gastronomie, un côté épicurien que beaucoup nous envient. C’est un savoir-faire qui séduit toujours partout dans le monde, avec les plus grands chefs, mais aussi des couturiers, des parfumeurs, des fabricants de porcelaine, des designers et autres créateurs. C’est aussi un peu de fantasme d’un passé qui n’existe plus vraiment, mais que nous sommes toujours nombreux à ne pas vouloir oublier.